La Kasern, notre cité du cinéma

En février dernier, suite au Mardis de l’ARTS sur la cité du cinéma nous avons créé un questionnaire pour consulter les techniciens du sud, en voici le compte-rendu :

Nous sommes heureux de vous présenter le projet :

La cité du cinéma de Marseille

Marseille, deuxième ville de France, première après Paris à être la plus filmée, est le centre névralgique  de la région, on le sait. Il est difficile de concevoir que cet outil puisse se situer en dehors des frontières de la commune.

Le projet doit partir sur des bases solides, évoluer et se construire peu à peu autour de ce noyau qu’est l’accueil des productions.

– UNE BASE LOGISTIQUE : LES BUREAUX DE PRODUCTION  

Les bureaux de production sont la ruche du tournage. Chacun y va et vient pour y déposer le fruit de son travail. C’est un QG sans lequel aucun tournage ne pourrait avoir lieu.

◊ La localisation

  La proximité avec le centre ville est recherchée afin de faciliter les déplacements pour les divers contacts avec les administrations, les accès aux décors, aux transports en commun, aux infrastructures autoroutières et aux hôtels.

  Pendant la préparation du film, les techniciens sont en perpétuel déplacement pour les besoins du tournage (l’équipe décoration pour les meubles, les accessoires, les matériaux, la régie pour la logistique et les multiples demandes de l’équipe, la costumière pour les vêtements, etc…).

  Pendant le tournage, d’incessants va-et-vient s’effectuent entre les bureaux de production, les lieux de tournages, les hôtels, les fournisseurs et les moyens de transport. 

L’accessibilité et le parking :

Étant donné les flux et mouvements importants dont nous venons de parler, L’accessibilité au lieu, géographique et pratique, est primordiale. La facilité pour s’y rendre et surtout pouvoir aisément garer les divers véhicules pendant la préparation ainsi que pendant le tournage doit être une question centrale. L’ édifice devra bien sur être accessible 24h/24 et 365 jours par an. Il devra être sécurisé par des alarmes pour les locaux et un gardien pour les extérieurs.

Les tournages utilisent plusieurs types de véhicules :

Les VL (véhicules légers) pour la production, la mise en scène, la régie et les véhicules personnels des chauffeurs venant récupérer leurs véhicules techniques.

Les véhicules techniques qui sont des poids-lourds (de taille moyenne, en général 30 ou 40 m3) pour les « électros » et « machinos » ou des fourgons pour la régie, les accessoires, la décoration, les costumes, la caméra.

Les véhicules de jeu qui peuvent aller du vélo au semi remorque.

Un téléfilm dans une configuration ‘classique’ utilisera environ trois poids lourd et quatre fourgons et une quinzaine de VL. Pour un long métrage classique, il faut multiplier par deux ce nombre (qui peut facilement augmenter en fonction du projet.)

  Avoir un espace consacré au parking des camions (véhicules techniques) les nuits et week-ends, proche des locaux de la production et faciles d’accès, simplifie énormément la logistique (évitant des allers et retours incessants entre les différents lieux, parking, bureaux de production, lieux de tournage, hébergement, gare ou aéroport etc…) et réduit considérablement la perte de temps dans les transports et facilitant l’organisation du tournage. C’est également une démarche éco-productive !

  ◊ Les locaux recherchés :

Souvent les équipes se contentent de conditions de conforts ou esthétiques moindres que les entreprises traditionnelles : Investir des locaux vétustes et usagés représente le quotidien des équipes de tournage.

Des locaux vides efficacement réhabilités à moindres coûts  peuvent donc convenir et êtres améliorés dans la durée et dans le temps et grâce au savoir-faire des équipes.

Les productions disposent parfois d’une marge de manoeuvre (même si elle est réduite, elle n’en reste pas moins intéressante) financière et pratique (logistique, personnel, compétences, …etc) pour aménager les lieux à leur guise. Il s’agit alors d’un échange gagnant-gagnant : les productions aménagent les lieux sans sous-traiter, grâce à leur salariés (décorateurs et régisseurs) qui disposent de ces compétences, installent et mettent en conformité et en sécurité, les bâtiments sont chauffés en hiver, gardiennés et réhabilités.

Toutefois, un investissement financier lors de la mise en place du lieu devra être envisagé : mise en conformité du site, premiers aménagements, etc…

– Les bureaux de production:

La surface des bureaux dépend des besoins des productions cinématographiques. A partir de 100 m2 par production minimum en tablant en moyenne sur 200 m2 par tournage. (Bureau régie, production, mise en scène, pièce mise à disposition pour les techniciens, salle de réunion, coin table régie, local pour les costumes…).

Il y a en outre diverses demandes avant même que la production ne s’installe :  Une salle pouvant accueillir les castings (pour un jour, une semaine etc…), un bureau pour le régisseur, la production, le repéreur, un local pour la décoration, la costumière, etc…

En préparation, la mise en scène, le casting, le repéreur ont besoin d’un lieu pour travailler. Ces lieux seront ensuite réduits lors du tournage. En effet, le casting sera en voie d’être finalisé, de même que les repérages. Quand à la mise en scène, par définition elle sera sur le tournage et n’utilisera que très épisodiquement ses bureaux. Chaque équipe est variable dans sa taille et ses besoins. Et chaque temps de la pré-prod au tournage représente des besoins différents. 

La surface des bureaux pour la production devra permettre d’accueillir au minimum trois ou quatre productions simultanément. Il n’est pas rare de voir des tournages dont les dates se chevauchent. Pour cela 1500 m2 minimum sont nécessaires…

Les hangars ou ateliers :

 Il y a aussi une demande de locaux permettant d’entreposer du matériel (pour la régie, pour la décoration, la construction, les accessoires, etc…).

 Selon les besoins des différents corps de métier, il faut des hauteurs sous plafond assez importantes (4 mètres minimum), des accès de plain pied ou des quai de déchargement, avec la nécessité de pouvoir travailler à l’intérieur notamment pour la construction de décors, le maquillage de véhicule de jeu etc….

 La superficie recherchée est également variable selon les projets. Pouvoir y répondre est un atout important, voir capital.

 – Les « box » :

 Certains techniciens ont du matériel personnel et ont besoin de pouvoir l’entreposer entre les périodes durant lesquelles ils ne travaillent pas. Les électriciens et machinistes pour leur bijoutes ( terme désignant leur matériel spécifique utilisé sur les tournages, les décorateurs pour leur machines outils et leur accessoires, les costumières pour leur vêtements, les régisseurs pour leur matériel, etc..). Proposer des box à tous ces professionnels serait un atout supplémentaire d’autant que la demande est très forte en la matière …

Le besoin : Des hangars de 1000m2, pas forcément d’un seul tenant et dont une partie sera aménagée pour accueillir les box.

◊ Les durées de location

  En général, on part du principe suivant : pour un jour de tournage, il faut un jour de préparation pour les longues durées (minimum 20 jours de tournage).

 Pour les tournages de clip ou de pub, le rapport peut-être de 1 pour 7 (1 jour de tournage pour 7 jours de préparation).

  Donc pour un tournage de téléfilm de 4 semaines, il faudra ce même laps de temps pour la préparation en ajoutant 1 à 5 jours pour les rendus après la fin de tournage. Pour un tournage de film de 8 semaines il faudra une période équivalente de 8 semaines pour la préparation etc…

 Il est nécessaire de pouvoir aussi accueillir des films se tournant en partie seulement à Marseille. Il y a énormément de tournages dits ‘itinérants’ faisant des étapes plus au moins longues à Marseille. Il est capital de pouvoir leur offrir des qualités d’accueil identiques leur permettant d’accéder facilement à un pied à terre provisoire.

 Il est raisonnable de penser que ce lieu puisse accueillir une grosse dizaine de productions de  films longue durée par an, toutes typologies confondues, en sachant que la période de l’année la plus active en matière de tournage à Marseille se situe entre Mars et Octobre) et au moins quatre à cinq productions en même temps. Il faut également penser en structurant le lieu à l’accueil très court de certains projets (projets n’ayant qu’un jour ou deux à Marseille, film court, film documentaires …etc)

◊ Les services proposés (les facilités : installations, infrastructures etc …) :

Les américains ou les anglais disent « facilities ». C’est ce qu’ils recherchent en priorité autour de leurs lieux de tournages.  Pareil pour les français bien sur !

Avoir des locaux prêts à l’emploi, sans avoir à faire de démarches pour accéder à l’électricité, l’eau et internet, est un service majeur très prisé par les productions qui elles aussi doivent écourter leurs temps de travail (finies les démarches fastidieuses en amont de la préparation, plus de multiples contrats à gérer, etc…).

Avoir des locaux sécurisés, gardiennés, propres et facile d’accès et d’usage serait une véritable plue-value et pourrait sans aucun doute déterminer une production à s’installer à Marseille.

Offrir la prise en charge dela régie des lieux est un facteur d’attrait pour ces sociétés.

– DES ZONES DE DÉCORS  (DÉCORS INTÉRIEURS ET EXTÉRIEURS : BACKLOTS )

certaines demandes de décors intérieurs reviennent fréquemment : commissariats, hôpitaux, bureaux et même appartements. Ces lieux peuvent êtres aménagés dans des locaux vides, dans la plupart des cas. C’est un gain de temps et d’argent si il est possible de les fabriquer à proximité de la base logistique de la production. C’est une plus-value indispensable.

Notre maison doit intégrer des parties vides, facilement aménageables et adaptables. Dans le métier, nous disons « praticables ».

◊ en extérieurs,  (backlots) :

De la même manière, des zones de backlots peuvent et doivent être crée dans la zone  (Un backlot est une zone adjacente du studio de cinéma, qui présente des décors extérieurs permanents, pour le tournage de film, de production télévisée ou pour une construction temporaire.) Là aussi, pourrait ainsi répondre facilement aux besoins récurrents de décors de commissariats, d’hôpitaux,  etc …

DE LA CRÉATION À LA DIFFUSION, UN OUTIL POUR TOUTE LA FILIÈRE              

Bien au delà du seul moment du tournage, c’est toute la vie créative de notre région qui devrait se structurer et investir une « maison du cinéma ».

Cette mutualisation des moyens permet évidemment un gain de temps, d’argent et représente une solution éco-responsable : au delà  on sait que ces enjeux sont les majeurs.

Voici quelques pistes de travail :

◊ La réunion des compétences, y compris institutionnelles :

Pourquoi ne pas imaginer que notre « maison du cinéma » puisse également accueillir (de manière pérenne ou temporaire)  les acteurs importants de la filière : la mission cinéma de la ville de Marseille, les autres institutions, les différentes associations techniques et créatives, qui constitueraient un « think-tank » ou une pépinière d’idées et d’entreprises pour s’élever et s’enrichir ensemble   .

◊ La formation :

Les différents techniciens d’un tournage, à l’exception de ceux qui ont eu la chance d’intégrer l’une des prestigieuses écoles existantes en France, se sont souvent formés « sur le tas ».
Les choses changent pourtant peu à peu et de nombreuses écoles ont vues le jour dont certaines sont plus que compétentes.

Cette notion d’apprentissage est très forte dans nos filières.  Cela mérite qu’on s’y arrête et qu’on y réfléchisse. Côtoyer des professionnels aguerris est une chance pour la plupart des jeunes gens qui se destinent à une carrière dans l’audiovisuel.  Il faut pouvoir développer le lieu de sorte qu’il devienne également un centre de formation continu et privilégié en termes techniques mais également créatif. En effet nous devons pouvoir accueillir pourquoi pas une école de cinéma (Les ateliers de l’image et du son – AIS-  ont manifesté leur intérêt) , mais aussi une résidence d’artistes et de jeunes auteurs, des séminaires et des conférences autour de la création par exemple. 

◊ La post-production, les industries créatives, la diffusion :

Le lieu peut et doit également se doter d’espaces qui seraient complémentaires aux autres propositions déjà existantes à Marseille : Des espaces pouvant accueillir des industries créatives et innovantes, des outils de post-production moderne, et pourquoi pas une petite salle de diffusion qui servirait aux productions pour visionner les images (rushs) qu’ils sont en train de tourner, ou à recevoir certaines avant-premières des films qui auront été tournées dans notre région.

La métropole Aix-Marseille, labélisée French Tech depuis 2014, mérite bien ça !  

◊  L’ouverture sur l’extérieur, également importante.

 Le site pourra et devra s’ouvrir aux habitants du quartier en proposant divers services à approfondir avec les différents acteurs environnant (CIQ, associations, maison de quartier etc…)
En outre, il est important de pouvoir proposer aux écoliers Marseillais des activités liées à l’éducation au cinéma et à ses métiers.

Accueillir un jeune public et leur présenter l’envers du décor lui permettra de s’ouvrir sur un nouveau monde invisible et fermé par ailleurs, leur proposer la perspective de formations à de nouveaux horizons, de nouveaux métiers.

Des ateliers sur le cinéma et l’audiovisuel devront êtres mis en place.

 Il y a depuis plusieurs années, une demande forte de la part des particuliers de visiter des lieux industriels et notamment ceux liés au cinéma. Cela fait même désormais l’objet au niveau national de la Journée Découverte des Entreprises. 

◊     La complémentarité

Ce lieu s’inscrira en complément de l’offre actuelle proposée sur Marseille. Il n’est pas ici question de concurrencer les structures déjà existantes mais bien d’augmenter l’offre de service la capacité d’accueil des productions. Il s’agit de proposer de nouveaux services aux équipes venant tourner dans notre ville et sa région. Il faut absolument avoir une capacité d’accueil pérenne afin de ne pas voir les productions se détourner de Marseille.

 Marseille a mis en place une politique dynamique d’accueil pour le cinéma. Il s’agit désormais de proposer un service d’accueil complémentaire de l’offre existante et facile d’utilisation pour les sociétés de production.

◊   Et pour voir encore plus loin !

• Un restaurant, un café, un jardin. Une salle d’exposition … Bref un lieu de vie, de rencontres, d’échanges !

Un endroit où dormir ! En effet les techniciens se déplacent beaucoup, et doivent souvent trouver de quoi se loger à la dernière minute.  En complément des Résidence d’auteurs, un ou plusieurs appartements doivent pouvoir accueillir ces techniciens .

• Afin d’ouvrir un peu plus le site, nous pourrions envisager de créer, dans un deuxième temps,  une crèche / halte garderie accessible aux intermittents du spectacle et répondant à la spécificité de leurs métiers.